Des élu-es de l’agglo devant la commission de dialogue (NDdL)

Devant la commission de dialogue sur le projet d’aéroport à Notre Dame des Landes, les élu-es EELV de l’agglomération nantaise ont insisté sur les points suivants :

Plan d’Exposition au Bruit.

C’est une contrainte forte avancée par les promoteurs du projet, qui pourrait être en partie levée.

Le PEB actuellement en vigueur est celui adopté par le conseil de Nantes Métropole du 7 février 2003, il y a donc tout juste 10 ans. Il était basé sur une estimation de 110.000 mouvements d’avions en 2010.

D’après les chiffres de la DGAC, le nombre de mouvements en 2011 était de 45.000 mouvement commerciaux et 13.000 non commerciaux, soit 58.000 mouvements au total, quasiment deux fois moins. Les chiffres de janvier et février 2013 montrent une baisse du nombre de mouvements de près de 4 % par rapport à 2012.

Depuis 2003, les avions sont de moins en moins bruyants. Les plus anciens, les plus bruyants sont retirés des flottes des compagnies aériennes au fur et à mesure du renouvellement de ces flottes. La révision de ce PEB fait l’objet de demandes récurrentes en direction du Préfet et à nouveau mentionné lors de la dernière rencontre avec l’ACNUSA en décembre dernier.

Les cartes émises par Nantes Métropole et les chiffres qui les accompagnent montrent très clairement que le nombre de personnes concernées par un dépassement de seuil pour le bruit aérien (LDEN >= 55 db) est de 4.905 habitants soit 0.9% de la population de l’agglomération. Ces données sont très différentes du chiffre de 42.000 habitants annoncé par les promoteurs du projet.

Urbanisation

D’après les promoteurs du projet, l’actuel PEB empêcherait l’urbanisation de sud-Loire, en interdisant notamment la réalisation de la ZAC des Isles à Rezé. Il n’en est rien. La carte du PEB de Nantes-Atlantique montre que seule une partie de la ZAC des Isles est concernée par la zone C du PEB : 34 hectares sont urbanisables sans restriction. seuls, 15 hectares hectares ont une sur urbanisation limitée. L’actuel PEB n’empêche donc pas l’urbanisation sud-Loire.

Toujours d’après les promoteurs du projet, l’actuel PEB empêcherait Nantes Métropole d’urbaniser son territoire et d’accueillir de nouveaux habitants. La lecture du bilan 2011 du Plan Local de l’Habitat de Nantes Métropole démontre le contraire : il existe actuellement 25 Zones d’Aménagement Concerté sur le territoire de Nantes Métropole, avec une moyenne de 6915 logements mis en chantier par an sur les deux premières années du PLH, et une production record en 2011 de 7098 logements mis en chantier.

Si le PEB devait être révisé à ce jour, en tenant compte des chiffres cités plus haut (nombre de mouvements…), il impacterait peu les territoires situés aux alentours de l’aéroport de Nantes Atlantique, notamment les zones situées au nord de l’aéroport, sur les territoires des communes de Rezé et Bouguenais.

Par contre, l’urbanisation pourrait être limitée par l’application du PPRI (Plan de prévention du Risque Inondation).

Déséquilibre sud Loire / nord Loire.

C’est une situation dénoncée par les responsables des collectivités territoriales, mais le déséquilibre serait renforcé par la création de Notre Dame des Landes, au niveau des emplois et des déplacements. L’aéroport de Nantes-Atlantique est à la fois un employeur important, et un pôle générateur de trafic.

Les emplois

Il y a un déséquilibre nord-sud important : sur les 304.000 emplois de l’agglomération nantaise, les 2/3 se trouvent au nord.

A l’heure actuelle (source : Auran, chiffres 2006), les emplois se trouvent principalement dans les communes suivantes : Nantes (163.474 emplois), et des communes du nord Loire : Saint-Herblain (34.109 emplois), Carquefou (17.651 emplois), Orvault (10.993 emplois).

La première commune du sud-Loire est Bouguenais avec 10.467 emplois, dont près de 2.000 directement liés à l’aéroport de Nantes-Atlantique, plus ceux de la zone d’activités D2A (3.000 emplois).

L’ouverture de Notre Dame des Landes accentuerait donc le déséquilibre nord-sud, les 2.000 emplois de Nantes-Atlantique étant transférés nord-Loire. De plus, des entreprises de la zone d’activités proche pourraient être tentées de déménager aux alentours du nouvel aéroport.

Enfin, la fermeture de Nantes-Atlantique fragiliserait le tissu économique du sud-Loire (Pays de Retz, Vendée), Une partie des entreprises du Pays de Retz et de Vendée y sont implantées en raison de la proximité avec l’aéroport de Nantes-Atlantique.

Des créations d’emplois sont annoncées par les promoteurs du projet, liés à la libération de terrains de Nantes Atlantique, permettant par exemple le développement des activités de l’IRT Jules Verne. Cette hypothèse est pour nous fragile parce que Airbus a annoncé sa volonté de maintenir la piste actuelle.

La fermeture annoncée de la piste de Nantes-Atlantique risque de fragiliser l’activité d’Airbus (2.300 emplois), qui aurait à Bouguenais la seule usine de son groupe non desservie par une piste d’atterrissage.

On voit donc que les éléments chiffrés portant sur les suppressions d’emplois sont plus tangibles que les éléments avancés de créations d’emplois.

Les déplacements

L’aéroport de Nantes-Atlantique est un important pôle générateur de trafic. La conséquence de sa fermeture et de l’ouverture de Notre Dame des Landes accentuerait le déséquilibre des déplacements entre le nord Loire et le sud Loire : avec de nouveaux déplacements induits, une saturation accrue du périphérique et du pont de Cheviré. Cela entraînerait donc des demandes de nouveaux équipements structurants, comme un nouveau pont sur la Loire, au coût élevé (on parle de 500 à 700 millions d’euros) dont on ne sait pas à quel endroit il pourrait être positionné. De nombreux espaces naturels de l’estuaire de la Loire sont protégés, classés site Natura 2000 au titre des directives « Oiseaux » et « Habitats, faune, flore ». L’estuaire de la Loire est également concerné par un projet de Réserve Naturelle Nationale, annoncé en septembre 2012 par le Ministère de l’Environnement. On voit bien que la réalisation d’un tel ouvrage est alors très hypothétique, même si la construction d’un nouveau pont sur la Loire est inscrite dans la Directive Territoriale d’Aménagement de l’estuaire de la Loire.

En conclusion

Il manque de nombreux éléments d’appréciation pour juger de l’opportunité de la réalisation de l’aéroport de Notre Dame des Landes.

En effet, la saturation annoncée de Nantes-Atlantique concerne principalement l’aérogare et les parkings, à partir de 4 millions – 4,5 millions de passagers.

Il y a eu ces dernières années peu d’investissements consacrés à la modernisation de Nantes Atlantique, dans l’attente de l’ouverture de Notre Dame des Landes.

Une amélioration des installations de Nantes-Atlantique, pour un coût évidemment inférieur à celui de la réalisation d’un nouvel aéroport, permettrait de pallier à cette saturation annoncée : par l’optimisation de la piste grâce à une amélioration de la circulation au sol des avions, par l’optimisation de l’aérogare.

De plus, l’aéroport de Nantes-Atlantique présente de nombreux avantages en termes de dessertes : proche du centre-ville et relié à celui-ci par une navette bus, proche du périphérique. Il pourrait être facilement relié au réseau de transports en commun de l’agglomération nantaise, par un prolongement de 1,5 km de la ligne 3 du tramway, situé à la Neustrie (Le coût d’un kilomètre de ligne de tramway est d’environ 20 à 25 millions d’euros, auquel il faudrait ajouter le coût du franchissement du périphérique).

De même il pourrait être desservi par le train, la ligne Nantes-Pornic passant près de l’aéroport.

Ces améliorations de la desserte par les transports en commun peuvent être réalisées rapidement. Elles éviteraient la saturation des parkings de Nantes Atlantique, et seraient en même temps un plus pour les déplacements de proximité des habitants du sud-Loire.

De nouvelles études doivent être effectuées : sur le bruit, sur les déplacements, sur l’urbanisation, sur la mise en réseau des aéroports existants (Nantes Atlantique, Rennes Saint-Jacques, Angers Marcé), et sur la modernisation possible de Nantes Atlantique.

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