Niveau record des gaz à effet de serre en 2011
Dans son rapport annuel, l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) alerte sur la concentration record des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, jugés responsables du réchauffement climatique.
L’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) alerte sur le niveau record des gaz à effet de serre, à l’ocasion de la publication de son rapport annuel, mardi.
Les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, jugés responsables du réchauffement climatique, ont atteint un niveau record en 2011, explique ainsi l’OMM. Principal gaz de ce type dû aux activités humaines, le dioxyde de carbone (CO2) a vu sa concentration dans l’atmosphère augmenter de 40% par rapport à l’époque préindustrielle, pour atteindre 390,9 parties par million en 2011. Depuis 1750, environ 375 milliards de tonnes de carbone ont été rejetées dans l’atmosphère. Avec 8,9 milliards de tonnes, soit plus du quart du total mondial, la Chine demeure le plus gros émetteur de CO2. Viennent ensuite les Etats-Unis (six milliards), devant l’Inde, la Russie, le Japon et l’Allemagne.
« Les océans ont tendance à s’acidifier »
« Ces milliards de tonnes de dioxyde de carbone rajoutées à l’atmosphère vont y rester pendant des siècles, accentuant le réchauffement de notre planète et se répercutant sur tous les aspects de la vie sur Terre, et les émissions futures aggraveront encore la situation », a déclaré Michel Jarraud, secrétaire général de l’OMM, organisation dépendant des Nations unies.
Or, les puits de carbone, tels les océans, qui absorbent une partie de ces émissions pourront de moins en moins remplir cette fonction. « Nous voyons déjà que les océans ont tendance à s’acidifier du fait de l’absorption de dioxyde de carbone, ce qui pourrait avoir d’importantes répercussions sur la chaîne alimentaire océanique et les récifs de corail », a souligné Michel Jarraud.
Dans la lutte contre le réchauffement de la planète, les conclusions du rapport de l’OMM viennent s’ajouter à celles émises par la Banque mondiale. En effet dans son rapport sur le climat publié hier matin, la Banque mondiale égrène les impacts dévastateurs d’un réchauffement de 4 degrés Celsius d’ici 2100. Ils sont particulièrement dramatiques pour les pays en développement, en raison de la montée du niveau des océans et de l’augmentation des périodes de forte chaleur.
Source : Reuters
Le Bulletin de l’OMM sur les gaz à effet de serre rend compte des concentrations – et non des émissions – de ces gaz dans l’atmosphère. Par émissions on entend les quantités de gaz qui pénètrent dans l’atmosphère et par concentrations celles qui y restent à la faveur des interactions complexes qui se produisent entre l’atmosphère, la biosphère et les océans.
Le CO2 est le plus important des gaz à effet de serre persistants, appelés ainsi car ils captent une partie du rayonnement traversant l’atmosphère terrestre qui, de ce fait, se réchauffe. Les activités humaines telles que l’exploitation des combustibles fossiles et les changements d’affectation des terres (le déboisement dans les régions tropicales par exemple) sont les principales sources d’émission de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Les autres grands gaz à effet de serre persistants sont le méthane et le protoxyde d’azote. L’augmentation de la teneur de l’atmosphère en gaz à effet de serre fait partie des causes du changement climatique.
Selon l’indice annuel d’accumulation des gaz à effet de serre (AGGI) de la NOAA, mentionné dans le bulletin, le forçage radiatif de l’atmosphère par les gaz à effet de serre persistants s’est accru de 30% entre 1990 et 2011, le dioxyde de carbone contribuant pour quelque 80% à cette augmentation. Le forçage radiatif total induit par l’ensemble des gaz à effet de serre persistants en 2011 était de 473parties par million en équivalent CO2.
Dioxyde de carbone (CO2)
Le dioxyde de carbone est le gaz à effet de serre d’origine humaine le plus abondant dans l’atmosphère. Il a contribué à l’augmentation du forçage radiatif à hauteur de 85% ces dix dernières années. Comme le souligne le Bulletin de l’OMM sur les gaz à effet de serre, la teneur de l’atmosphère en CO2 a atteint 390,9 parties par million en 2011, ce qui représente 140% de ce qu’elle était à l’époque préindustrielle (280 parties par million).
La valeur préindustrielle correspond à une situation d’équilibre des flux entre l’atmosphère, les océans et la biosphère, et le taux d’accroissement annuel du CO2 atmosphérique a été en moyenne de 2 parties par million sur la décennie écoulée.
Méthane (CH4)
Le méthane est le deuxième plus important gaz à effet de serre. Environ 40% des émissions
de méthane dans l’atmosphère sont d’origine naturelle (zones humides, termites, etc.) et 60% d’origine anthropique (élevage de bétail, riziculture, exploitation des combustibles fossiles, décharges, combustion de la biomasse, etc.). Le CH4 atmosphérique a atteint un nouveau pic en 2011 – 1813parties par milliard (ppb), soit 259% du niveau qu’il avait à l’époque préindustrielle – en raison de l’accroissement des émissions anthropiques. Après une période de stabilisation, la teneur de l’atmosphère en méthane augmente de nouveau depuis 2007 à un rythme qui est resté pratiquement constant ces trois dernières années.
Protoxyde d’azote (N2O)
Ses émissions dans l’atmosphère sont d’origine naturelle (environ 60%) et humaine (environ 40%), puisqu’elles proviennent notamment des océans, des sols, de la combustion de la biomasse, des engrais et de divers processus industriels. En 2011, la teneur de l’atmosphère en N2O était de quelque 324,2 parties par milliard, ce qui représente une progression de 1,0 ppb par rapport à l’année précédente et 120% du niveau qu’elle avait à l’époque préindustrielle. À horizon de 100 ans, l’impact du protoxyde d’azote sur le climat est 298 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone, à émissions égales. Ce gaz joue aussi un rôle important dans la destruction de la couche d’ozone stratosphérique qui nous protège des rayons ultraviolets nocifs émis par le soleil.
Le Secrétariat de l’OMM élabore et distribue le bulletin annuel sur les gaz à effet de serre en collaboration avec le Centre mondial de données relatives aux gaz à effet de serre, hébergé par le Service météorologique japonais, et le Groupe consultatif scientifique pour les gaz à effet de serre relevant de la Veille de l’atmosphère globale, tout en bénéficiant du soutien du Laboratoire de recherche sur le système terrestre (ESRL) de la NOAA.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat définit le forçage radiatif comme étant la mesure de l’influence d’un facteur sur l’altération de l’équilibre entre les énergies entrantes et sortantes du système Terre-atmosphère, et un indice de l’importance de ce facteur en tant que mécanisme potentiel de changement climatique. Il est souvent exprimé en watts par mètre carré.